Triptyque poétique
A la recherche d'une parole vraie.
 
Dominique Blumenstihl
Editions Peleman, Belgique
Ouvrage relié, 128 pages, 33 euros.
GRAND SUD !
triptyque poétique
Dominique Blumenstihl-Roth
 
édition Peleman, ouvrage relié, 128 pages
distribué par DBR
 

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GRAND SUD !
Grand Sud !
Un acte de conscience poétique
 
Ce recueil est composé de trois mouvements portant chacun un titre évocateur de sa mission. Tout s'ouvre avec Profil Humain. S'y dessine le visage, encore en devenir, de l'être parlant, découvrant en lui sa capacité langagière. Naissance d'un homme doté de parole, le reliant à l'immensité des forces cosmiques. Voyage aux confins de soi où la pensée devient le territoire même de l'investigation. Ce mystère d'être peu à peu libère ses énigmes se résolvant dans l'incessant dialogue symboliste avec l'Invisible.
 
Deuxième mouvement : L'Eclat du Carmel. Voici le temps de la floraison. Les promesses de Profil Humain sont tenues. Pleine éclosion du chant patiemment préparé. Le poète nous emmène vers les îles intérieures, îles féminines où s'écrivent nos secrets, nos rencontres, nos espérances inavouées. Terres intimes de nos flamboyantes illusions, purifiées au crépitement de l'Absolu, l'ego se heurte à l'ordonnance du Vrai, le Moi se dissout, non sans douleurs ni révoltes face à l'intransigeance du décret poétique. L'exigence est telle que la reddition de la chimère s'impose ; le rêve matérialiste de ce monde doit céder. Le recours à la Parole demeure l'unique issue.
 
Et la victoire est belle, célébrée sur le Mont Carmel en fleurs où l'ardent buisson consume toute rébellion. Et la Rencontre est possible, lorsque l'être en éclat se ressource, se réunifie face au soc minéral de la vérité. Cette vérité est une, unique. Présomption du poète que s'imaginer s'en approcher ?
 
Notre monde, rempli de signes, d'écriture, est assurément fondé sur la Parole. Et si c'était précisément le sens de la mission poétique que donner à voir les pistes symboliques que l'esprit trace en nous, dans sa volonté de se faire connaître ?
 
Troisième et dernière vague, déferlante dans l'espace de ce Grand Sud : l'inlassable devoir de la compréhension. Ici se développe le serment de l'allégeance, contrat passé entre l'art de la parole et le respect du territoire imparti à l'expressivité poétique. Le poème en effet ne saurait franchir le seuil, la frontière que lui impose son langage symbolique. La poésie n'est qu'une étape de la longue transhumance devant conduire l'humanité à plus de clarté. Elle n'est ni l'aboutissement de la pensée, ni la fin de l'aventure humaine : bien au contraire, elle en compose les toutes premières phases lorsque l'esprit prend intuitivement conscience de sa propre existence. La poésie est une étape, une halte provisoire où l'esprit, empli de perceptions, se pose afin d'en ordonner les catégories et les restituer sous la forme lyrique. Il existe assurément un lieu meilleur que le sien vers lequel le Poème doit tendre, de toutes ses forces, quitte à risquer sa propre dissolution.
Ici, l'acte de conscience fait que la poésie devient à la fois l'outil, l'objet, et le motif de la quête. Le Poème dès lors s'avance inexorablement vers ce Grand Sud, vers le nécessaire accroissement de Connaissance, vers cette exégèse du monde tant désirée qui libérera — dans un futur proche, nous l'espérons — pleinement tous les secrets de l'Etre.
 
Grand Sud !,
triptyque poétique
Grand Sud. Ou l’exigence du Temps poétique
 
Le poème, concentré de signifiants, est l’expression d’une pensée offerte en style symbolique. Il se compose d’images, de métaphores, mises en rythmes au service d’une écriture devant énoncer une perception, une première compréhension de la vie, du réel et ses mystères. C’est la définition de la Poésie que me donnait Léopold Sédar Senghor, ajoutant : et pourtant, le Poème n’est point aboutissement, tout au plus une étape vers la révélation.
 
Quels poètes, s’interrogeait-il, ont jamais tracé la limite à laquelle se heurtait leur propre art ?
Le poète, en effet, ne peut franchir la frontière au delà de laquelle son langage, quittant la métaphore, deviendrait explication. Il est circonscrit à son territoire. Mais le Temps, lui, ne saurait s’arrêter : dès lors, l’esprit resterait-il engoncé dans les perceptions imagées ? Le Temps requiert, au contraire, qu’étape après étape, l’Histoire le conduise à l’accession d’un entendement clair. Que le Révélé sorte du Caché. Que l’explication des choses enfin survienne, afin que le langage lui-même se libère des entraves du symbole ! Tel était le vœu du grand poète africain quand il me fit l’honneur d’être mon tout premier Lecteur : qu’enfin surgisse un langage sans énigmes ni figures, fait de mots intelligibles dont la métaphore s’expurge, en adéquation avec la pression du Temps. Il faut en conséquence que le poème, en tant qu’expression d’une étape de la pensée, meure et cède la place à l’élucidation. Quitte, plus tard, à renaître de ses cendres…
 
Des années plus tard, je découvris un ouvrage extraordinaire : La Face cachée du Cerveau, de Dominique Aubier. Ce livre conceptualise, en un langage accordé au savoir objectif, les symbolismes que défendent les traditions du monde. Il met au jour le Code cortical, révélant la puissance qu’il a d’être le Code des archétypes du réel. Il permet le décodage des symboles —de tous les symboles, les rendant à leur motif d’universalité. Une œuvre civilisatrice qu’un Poète ne peut ignorer.
 
Dès lors, c’est en toute lucidité de ces travaux que j’ai conçu ce triptyque, menant mon écriture poétique au seuil de sa propre révélation, tout en sachant bien, citant la Bhagavad Gita, que le sens surgira… d’un lieu meilleur que le mien. En cela, je rejoins pleinement le poète allemand Christian Morgenstern pour qui la poésie est le lieu de l’attente et de la modestie. Une étape de restauration où la pensée se prépare au grand festin de l’Esprit.
Cette trilogie voudrait que naisse une poésie sertie en toute conscience dans le nacre de son lieu cérébral où la métaphore s’élève, — sans toutefois transgresser l’espace qui lui est imparti —, jusqu’à une maximalisation d’un potentiel de sens. Le poème, ici, chante les confins de son royaume, sa limite et son propre sacrifice.
 
Grand Sud ! est un triptyque dont le déroulé restitue le cycle d’une parole s’offrant à elle-même la perception de son existence, de son éclosion à sa pleine floraison. Elle naît, avec Profil Humain. S’offre dans L’Éclat Du Carmel. S’immole et s’efface dans Grand Sud !, car telle est l’exigence du Temps.
Telle est la mission poétique : Vivre, éclore, se donner et… disparaître à temps, car…
 
de l’Autre côté, éternel dans sa splendeur,
L’Alphabet se dresse,
Royaume de clarté où règnent,
Solitaires et majuscules, les Lettres.
 
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